Apports de la musique et ou de la voix pour la femme enceinte et son bébé
By on 6 November 2018
Article rédigé par Odile Ménard en juin 2018 à partir d’articles scientifiques concernants les apports de la musique et de la voix pour la femme enceinte et son bébé.
Introduction
La musique fait partie de notre culture et évoque une large palette d’émotions de l’excitation à la relaxation, de la joie à la tristesse, de la peur au sentiment de sécurité. On l’utilise pour réguler les humeurs, coordonner les mouvements, augmenter la concentration, l’attention, la vigilance et la motivation. Dans de nombreuses cultures, on considère la musique comme un médicament. Il existe notamment des rites de soin accompagnés de musique. Pour la plupart des personnes écoutant beaucoup de musique, ces moments font partie de ceux qui leur apportent un plaisir intense (2).
L’effet de la musique sur le corps humain
La musique agit à différents niveaux du corps, tels que le rythme cardiaque, la pression artérielle, la température, la conductance de la peau, et la tension musculaire. Chez l’enfant comme chez l’adulte, une musique stimulante induit une augmentation des mesures cardiovasculaires et une musique relaxante, une diminution de ces mesures (2). Le tempo de la musique a également un impact : les musiques douces sont associées à une diminution du rythme cardiaque, de rythme respiratoire et de la pression sanguine tandis que les musiques rapides sont associées à leur augmentation (2). Ces effets sont liés à la réponse des neurones noradrénergiques et aux neurotransmissions cholinergiques et dopaminergiques (2).
Ecouter et jouer de la musique induit également des changements dans la sécrétion des hormones stéroïdiennes qui régulent d’importantes fonctions telles que la reproduction, le comportement alimentaire, le développement du cerveau, la neurogénèse et la protection neuronale, la mémoire et l’apprentissage (2,5). Ecouter et jouer de la musique facilite ainsi le développement neuronal, leur régénérescence et leur réparation de l’âge fœtal à l’âge adulte. Cela diminue le stress, augmente les facultés de perception, reconnaissance et mémorisation visuelle et spatiale (5). La musique booste l’immunité innée et a des propriétés anti-inflammatoires indiquées par un changement positif de profil cytokinique (2). Pratiquée en groupe, comme depuis les temps préhistoriques, la musique et ses aspects sociaux semblent avoir des effets bénéfiques plus importants sur l’immunité et ainsi la santé et le bien-être (2).
L’utilisation thérapeutique de la musique
Quelque soit l’âge de la personne, la musique peut donc être utilisée comme une aide thérapeutique non invasive, peu coûteuse, sans effets secondaires et complètement naturelles naturelle notamment en cas de maladie dégénérative comme la maladie d’Alzheimer et de façon plus générale pour la construction du cerveau de l’âge fœtal à l’âge adulte. Via son action sur l’état de stress de la personne, en apportant des émotions positives telles que l’optimisme, la joie de vivre, le rire, elle contribue à diminuer sa sensibilité aux infections, son anxiété, les états dépressifs, les maladies cardiovasculaires et neurodégénératives (2). Elle permettrait également de diminuer la quantité d’opioïdes utilisée en post-opératoire.
En élargissant ce propos à la grossesse, à l’accouchement et aux suites de couches, l’utilisation de la musique notamment comme méthode de relaxation et lâcher-prise ne peut être que bénéfique.
La sensibilité du foetus aux sons
Dès 20 semaines le fœtus est susceptible de répondre aux stimuli acoustiques. L’exposition à la voix, à la musique et à des sons remplis de sens entre 30 et 40 semaines de grossesse est indispensable pour que les constructions neuronales et les cellules ciliées s’adaptent correctement (7). Le fœtus baigne dans un bruit de fond d’origine maternelle, placentaire et fœtal dont le niveau est environ de 30 db (6). On estime qu’ils entendent les stimuli sonores extérieurs aussi bien qu’un patient atteint d’une otite moyenne (6). Quant à la voix maternelle propagée par ses os et tissus, elle est peu atténuée (6). De plus, directement au contact du ventre maternel les sons diffusés par un haut parleur ne sont pas atténuée par les tissus abdominaux maternels (6). La réponse du fœtus à une stimulation sonore est le plus souvent mesurée par la variabilité du rythme cardiaque fœtal (accélération ou décélération) accompagnée ou non de mouvements des membres (1,8). Les réponses changent d’amplitude au cours de la gestation (8). Un bruit intense du provoque une accélération du rythme cardiaque et des mouvements (1,8). Un bruit d’intensité moyenne provoque des accélérations plus faibles, sans mouvement, ou des décélérations (1,8). Les bruits faibles ou habituels proches en intensité du seuil d’audition fœtale, n’ont le plus souvent aucun effet ou stabilisent la variabilité du rythme (1,8). En fin de grossesse, le fœtus est capable de reconnaitre des régularités spectrales et mélodiques lorsqu’il est stimulé pendant de très longues périodes avec des sons complexes de longue durée portés par la voix maternelle, ou par l’environnement externe s’ils sont d’une forte intensité (6). Notamment la rediffusion de mélodies fréquement entendues dans le ventre maternel provoque des décélérations importantes du rythme cardiaque du nouveau-né (6). Ainsi, les sons ou musiques diffusés habituellement, les chansons de sa mère et de son entourage peuvent aider le fœtus à constituer des préférences et habitudes qui le calmeront, le relaxeront, l’aideront à construire des liens affectifs une fois sorti du ventre maternel.
L’effet bébéfique de la musique pendant la grossesse et l’accouchement
Une grossesse, de par les contrôles réguliers sur la mère comme sur le fœtus et les dépistages de maladies génétiques, peut engendrer beaucoup d’inquiétude et donc de stress ; la musique accompagne, soulage et a des effets bénéfiques mesurables au niveau du rythme cardiaque de l’enfant (4) et de le profil hormonal de la mère et notamment le niveau de la sécrétion de cortisol, hormone du stress (2). Les choix de mode de vie qui réduisent le stress tels que la musique sont connus pour être hautement protecteur contre les maladies infectieuses (2), ce qui donne une piste pour éviter la médecine allopathique étant difficile à utiliser chez la femme enceinte.
Le bien-être des mères pendant la grossesse est crucial pour son bon déroulement comme pour le développement du fœtus. Le stress maternel peut influencer la longueur de la gestation en favorisant la prématurité, retarder ou inhiber la croissance fœtale et ainsi les petits poids de naissance et pourrait changer l’environnement in utero par les hormones de stress et ainsi influencer le développement fœtal durant des périodes particulièrement sensibles en programmant potentiellement le phénotype (4). Pour éviter le stress maternel toutes les méthodes naturelles de relaxation sont bonnes à utiliser, notamment la musique, la relaxation musculaire progressive, les images guidées. Fink et al. ont étudié 33 fœtus entre 32 et 34 semaines de grossesse ainsi que leur mère et ont montré que 30 minutes de relaxation induisent une augmentation du bien-être du fœtus pendant et après la relaxation via un sommeil actif, la diminution du rythme cardiaque fœtal, l’augmentation des variations de ce rythme à long terme et l’augmentation des mouvements fœtaux (4). L’utilisation d’images guidées semble plus efficace que la seule relaxation musculaire guidée (4). DiPietro et al. ont montré que l’écoute de 18 minutes de musique a le même effet sur le rythme cardiaque fœtal, cependant leur étude est moins précise du fait qu’il n’y a pas eu de mesure contrôle au niveau fœtal avant la relaxation (3). Ecouter ou faire de la musique pendant une tâche stressante permet de diminuer le taux de cortisol plus vite que si on essaie de se relaxer sans (2). Ainsi, pendant l’accouchement, l’utilisation de la musique pourrait aider à un accouchement naturel, non stressant, respectueux du bien-être de l’enfant et de ses parents. En cas d’anesthésie péridurale, la quantité d’anesthésique injectée pourrait être réduite pour le même effet détendant. La sortie du bébé par césarienne serait plus douce dans un environnement musical choisi par les parents (enregistrement ou mélodie directement chantée par les parents). Le bébé serait accompagné en douceur et en sécurité vers une vie extra-utérine stressante par son niveau de lumière, son niveau sonore, l’immensité de l’espace et il serait rassuré par les sons et mélodies entendues pendant la grossesse.
L’effet bébéfique de la musique en suite de couche
En suite de couches, la musique aide aussi à diminuer le stress notamment à l’endormissement, à l’allaitement, aux douleurs post-accouchement.
La notion de plaisir étant subjective, il est préférable que la personne utilise des musiques qui lui font plaisir personnellement (2) et même que l’enfant a souvent écouté in utero et qui lui rappelle donc ce sentiment de sécurité intra-utérin.
Bibliographie
1- Browne J.V., Chemosensory Development in the Fetus and Newborn. Newborn & infant nursing reviews, 2008, 8(4): 180-186.
2-Chanda ML., Levitin D.J.,The neurochemistry of music. Trends in Cognitive Sciences, 2013; 17(4): 179-193.
3- DiPietro JA, et al., Fetal responses to induced maternal relaxation during pregnancy. Biol Psychol, 2008; 77(1):11-19.
4- Fink N., et al., Fetal response to abbreviated relaxation techniques. A randomized controlled study. Early Human Development, 2011; 87: 121–127.
5- Fukui H., Toyoshima K., Music facilitate neurogenesis, regeneration and repair of neuron. Medical Hypotheses, 2008; 71: 765-769.
6- Granier-Deferre C., Schaal B., Aux sources fœtales des réponses sensorielles et émotionnelles du nouveau-né. Spirale, 2005⁄1; 33: 21-40.
7- Graven S. N., Browne J. V., Auditory Development in the Fetus and Infant. Newborn & infant nursing reviews, 2008, 8(4): 187-193.
8- Kisilevsky B., Lecanuet J.P., Les connaissances sur l’enfant prématuré bénéficient-elles des recherches sur le fœtus ? Enfance. 1999 ; 1: 13-25.